"L’homme du ressentiment voit tout en noir et ne connaît plus d’autres couleurs. Il est toujours à se plaindre, et, dans sa vaste lamentation, la non-reconnaissance tient une place privilégiée. L’autre est méchant, donc je suis bon ; mais ma bonté n’est pas reconnue.
Cette politique se double souvent de celle de la culpabilité. Les compagnons de route des soumis, même s’ils ne peuvent pas témoigner, car dans leur propre situation, des marques qui pourraient directement alimenter leur ressentiment, se sentent coupables d’être favorisés et se rangent du coté de ceux qui souffrent. Ils en rajoutent alors, se distinguent pas excès et cet excès leur donne l’impression d’exister. Il n’est pas aujourd’hui pire dénonciateur de la précarité et du chômage que celui qui, n’en souffrant pas directement, se sentira coupable et fera, de ce senti, une source de dénonciation pseudo-scientifique des méfaits de « l’ultra-libéralisme ». Ce couplage entre culpabilité et ressentiment fera, de ceux qui se sentent indirectement coupables, des êtres particulièrement vindicatifs, car la politique du ressentiment devient pour eux une véritable profession. Sans le vouloir ils deviennent « fonctionnels » à l’ultra-libéralisme qu’ils dénoncent, ils entretiennent le rôle que tout dominaient attend du coté des dominés.
Les hommes de la culpabilité ne peuvent vivre et penser que de manière dichotomique : le noir et le blanc , le méchant patron et le bon ouvrier, le mal et le bien. Mais c’est toujours, soumission oblige, le noir, le méchant, le mal qui dominent et impriment leur marque. Plus le capitalisme et les méchants patrons qui l’incarnent est dénoncé, plus le capitalisme domine, sans même avoir à se fatiguer. Car, à vrai dire, le bien n’a pas de consistance propre : il n’est que le contraire du mal, ou plutôt la manifestation de l’amour insatisfait dont on suppose que le soumis est en manque. La précarité est dénoncée sous tous les angles. Mais qu’est-ce que le contraire que la précarité ? Quel est ce bien que l’on revendique négativement ? Est-ce que le non-précaire est heureux ? Est-ce là une perspective ?"
JesusFranco

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